• MENA'SEN

     

    MENA SEN

    Mena`Sen

    En cette première lune de janvier, les éclaireurs abénakis avaient remarqué la présence des Iroquois sur la rive du soleil levant de la « rivière aux Iroquois », tenant lieu de limite à ne pas franchir, sans empiéter le territoire algonkin . Dès lors, le village de K`tchi Nikitoteekwak se mit sur un pied de guerre. Aussitôt, les guerriers Sokokis se ruèrent au tambour et chantèrent courageusement le chant qui appelle le sang et la fierté : YA WE HANAY !



    Puis, les chants se turent, un silence de mort envahit la nuit. On savait déjà que les Iroquois étaient là, tout près, leurs femmes en arrière ligne pour les nourrir et les soigner, comme le veut la tradition. Même la fille du Grand Chef, d`une grande beauté, intelligente et courageuse y était. C`était Winona,  la princesse.

    Le chef de la tribu des Abenakis, Neskamb8witt, à la stature dominante, aux yeux flamboyants, au visage calme et fixe, se tenait debout au milieu du cercle que le feu éclairait. Prenant la parole, il s`adressa aux membres de sa tribu et dit : »Le sort en est jeté. Notre ennemi l`iroquois s`est réclamé de la vallée de La St François (l`alsiganteek) pour en faire ses lieux de chasse .Nous savons que ce pays est le nôtre. »De ses mains étendus, il indiqua le nord, le sud, l`est et l`ouest pour donner plus de force à ses mots.



    « Front-Levé, chef des iroquois, bondit sur ses pieds. Il proposa une course d`endurance qui déterminera le vainqueur du combat qui s`annonçait trop meurtrier pour déterminer le maître de ces terres. Le combat singulier aurait lieu au Mena`Sen, à l`embouchure de la Baskasawamik et de l`Alsiganteek, lieu dit K`tchi Nikeetoteekwak, village sokoki.



    Deux guerriers se proposèrent : Neskamb8witt, l`abénaki et Front-Levé, l`iroquois. L`île était dans ses glaces, le froid intense, les braves s`avancèrent et se tinrent debout dans la lumière du feu, attendant en silence le signal du grand défi. Le défi étant de courir autour du rocher, distinct et isolé l`un de l`autre jusqu`à la chute d`épuisement de l`un ou de l`autre qui gagnait le droit de prélever le scalpe du vaincu. Ça se devait être une course contre la mort. La vitesse et l`endurance prévalaient .Le jour était arrivé. Les tribus ennemies se faisaient face. Les silhouettes des deux guerriers apparaissaient en relief dans le ciel de ce matin fraîchement illuminé par le soleil levant, au-dessus des montagnes de Stoke. Aspect dramatique !



    Soudainement, sans montrer de signe d`énervement, deux formes, souples et brunes, se détachèrent de leurs camarades, se jetèrent sur les glaces de la rivière, puis débutèrent la course autour du rocher de la petite île (Mena`Sen).Silencieux et intenses, les indiens surveillaient les contestants. AH ! L`un tombe ! Voilà qu`il se relève et continue à courir. L`autre tombe !...............et la course continue ainsi jusqu`à ce que l`iroquois trébuche, se relève, s`arrête un instant, puis s`effondre dans l`eau libre peu profonde et entourée de glace. L`abénaki Neskamb8witt saisit sa victime par sa longue chevelure, lui prélève le scalpe qu`il montre en triomphe à tous dans les cris de joie et de déception. Ses yeux sont luisants et son maintien triomphateur !



    Aucune parole n`est prononcée ; les mots ne sont pas nécessaires. Il est comme tous les indiens, silencieux dans le triomphe comme dans la souffrance, mais le guerrier a gagné pour sa tribu la magnifique vallée de La St-François (l`Alsiganteek).

    Et ce soir-là, alors que la lune se levait par delà les sapins sombres et dessinait des ombres sur les eaux ondulées, une belle vierge iroquoise se tenait sur la rivière. Témoin du drame, elle avait admiré le flamboyant guerrier, Neskamb8witt.Elle était devenue follement amoureuse de ce héro. Admirative. Les deux âmes s`étaient déjà fusionnées et vibraient en diapason. En secret, pendant le retrait des guerriers, les amoureux se firent signe et manifestèrent le désir de se rencontrer à chaque nouvelle lune au même endroit : l`Île Rocheuse.

    Un jour, un chef iroquois se rendit compte du stratagème et menaça la belle Winona d`exil loin des siens, vers le sud, si elle ne mettait pas un terme à ce rêve insensé.

    Interminable et intolérable absence. Winona se mit à dépérir. Un jour, à bout de force, elle se rendit à l`Île Rocheuse (Mena`Sen) et s`y laissa mourir. Peu de temps après,Neskamb8witt décida de se rendre à l`île et découvrit le corps de sa bien-aimée sur le rocher de l`île. Désespéré et mort de chagrin, Neskamb8witt s`étendit près du corps de Winona et attendit la mort. Un jour, un Sokoki fît la découverte et, comme le veut la tradition, planta deux pins blancs sur les sépultures des éternels amoureux

    Aujourd`hui, quand je passe au clair de lune et que je vois l`Île Mena`Sen, j`entends dans la pénombre un chant qui se lève, chant de guerrier mort au combat et d`amoureux retrouvés pour l`éternité dans la vallée de chasse et de pêche de K`tchi Nuask : YO GWAN NODAY HAY YO HO GWAN NO DANÉ…….

     

    MENA SEN

     

    Pour écouter la  Musique de la vidéo, mettre en Pause la Musique du Blog.

     

     IMAGES ET TEXTE PRIS SUR LE NET

     


    112 commentaires